Mon homamage a l’axe hamdallaye-kagbelen

13 février 2018 - Dans le présent texte, nous nous efforcerons à décortiquer la mécanique contre les jeunes et habitants de cette zone géographique. -DU PRIVILEGE DE QUALIFIER SON ADVERSAIRE 
   La lutte pol...

Mon homamage a l’axe hamdallaye-kagbelen

Dans le présent texte, nous nous efforcerons à décortiquer la mécanique contre les jeunes et habitants de cette zone géographique. 

-DU PRIVILEGE DE QUALIFIER SON ADVERSAIRE 


   La lutte politique est d’abord une lutte idéologique, autrement dit, une lutte de vocabulaire, de langage, de signes, et symboles. La première étape consiste à designer  son adversaire, ensuite, créer une mythologie, une liturgie, un cérémonial, pour peindre, figer, et placarder le portrait de l’adversaire. C’est ce qui fut fait pour la zone dite l’« axe du mal », donc il n’ya rien d’extraordinaire ici, c’est du classicisme pur. 

Ainsi, le club formé par le gouvernement, l’administration, le parti au pouvoir et ses sympathisants, certains opposants qui ne le sont que derrière leur ordinateur, mitraille dans un premier temps, verbalement, toute cette zone de l’axe hamdallaye-kagbelen, de voyous, loubards, hors- la loi, de clochards, de migrants internes, de criminels, de pillards, de villageois…

-DE L’INTERET DE QUALIFIER LES JEUNES DE CET AXE

   Quand les qualificatifs sont acceptés, le portrait des jeunes, et la description de cette zone sont acceptés  par quelques populations, le pouvoir pourrait  y déployer une certaine politique, certaines mesures. Quand les qualificatifs sont acceptés, le pouvoir se sentira assez légitime d’agir en conséquence. Là où des meurtres et assassinats seront commis par le pouvoir, les populations ayant précédemment validé les qualificatifs, n’y verront qu’une réduction de voyous dans leur environnement. Il faut tout d’abord peindre tout en noir le portrait de l’adversaire, le diaboliser, enfin l’abattre en toute impunité grâce à l’acceptation, à la validation de quelques populations. 

-LA REALITE

    Nul ne peut nier la présence de voyous dans cette zone, mais la fixation sur cette zone est politique, parce que  c’est là que se trouve le gros des troupes de l’opposition ou en tout cas les militants les plus motivés et zélés de l’opposition. Qui peut fournir des statistiques selon lesquelles, il y aurait plus de meurtres, de viols, vols, cambriolages, dans cette zone ?  

     Depuis le soir de la gouvernance de Conté, Conakry à pris le chemin des villes latino-américaines, et  le bout du chemin a été atteint sous le Président Alpha Condé. Aujourd’hui à Conakry, les seuls qui vivent en sécurité, c’est Alpha Condé et ses ministres.

    Tous les manifestants de cette zone sont loin d’être des voyous. Il y a des jeunes diplômés et instruits, des jeunes commerçants, des cireurs de chaussures, de charretiers, des vendeurs conteneur sur la tête,  des débrouillards devant l’Eternel.

   Un appel à manifester est lancé aux militants, les voyous s’invitent, c’est malheureux et regrettable, mais c’est comme çà partout dans le monde entier. Les voyous dans les manifs jouent le même rôle que les charognards qui sortent observer les félins en chasse pour profiter des restes. 

 -POURQUOI CES JEUNES NE SE DECOURAGENT PAS ?

     Pourquoi ces jeunes continuent de manifester malgré toutes les insultes, moqueries, brutalités, tortures, tueries qu’ils ont vécues directement ou indirectement ? 

    Tous les « intellectuels » leur ont signifié, alerté, qu’ils ne sont que « chaire à canon » pour certains leaders politiques. Ainsi,  ces « intellectuels » nient toute conscience politique à ces jeunes militants. Ces jeunes, ont tous entendu vos appels selon lesquels, ces leaders politiques derrière lesquels ils courent et prennent des balles réelles, ont leurs enfants dans les universités occidentales. Mais pourquoi ils continuent ? 

     Je le dis avec conviction, les jeunes de cette zone, sont les plus dotés de conscience politique dans notre pays. Leur conscience politique, ils l’ont acquise en forgeant sur le terrain, depuis Lansana Conté, en passant par l’agité Dadis. Leur conscience politique n’est pas acquise dans les livres, les facs, et les réseaux sociaux. C’est le réel qui parle. 

     La différence entre vous « intellos » et ces jeunes, c’est comme entre un trader à Wall street et un paysan éleveur de vaches laitières, quand le trader parle de chiffres et de courbes, le paysan parle de la souffrance de ses vaches.

    Quelle est cette conscience qu’ils ont ? Ils sont convaincus que personne en Guinée, ni aucune ethnie, aucune entité, n’a reçu un « mandat du Ciel » pour gouverner ce pays, ils sont convaincus que nul n’a le droit de les dépouiller des droits avec lesquels ils sont nés : droit à la vie, droit au respect, droit à la liberté. 

    Je le dis encore avec conviction, que ces jeunes gagneront à l’usure, par eux, tout gouvernement illégitime, et dictatorial  s’écroulera. 

    Si vous êtes croyants, vous direz que Dieu finira par rendre justice à ces jeunes, et si vous êtes non croyant,  vous savez que la nature récompense tôt ou tard les efforts fournis, donc que Dieu intervienne ou pas, le travail, l’effort, la résistance, la persévérance et la patience, payent toujours, tôt ou tard.

    Les héros Guinéens pour moi, ce sont ces jeunes qui résistent, dénoncent, revendiquent, affrontent, et tombent pierres en main, une sorte de Behanzin modernes. 

    Les zèros Guinéens pour moi, ce sont toutes ces populations qui sont dans l’indifférence, ces quartiers pourris de l’intérieur, mais, qui s’affichent comme paisibles pour mieux masquer leur lâcheté, leur immaturité politique, qui n’ont pas compris que vivre c’est d’abord résister. 

-AUX QUARTIERS INDIFFERENTS DITS « PAISIBLES » DE CONAKRY

    A ces populations de Conakry indifférentes,  je vous dédie le texte suivant d’Antonio Gramsci portant sur l’indifférence.

« Je hais les indifférents. Un homme ne peut vivre véritablement sans être un citoyen et sans résister. L’indifférence est le poids mort de l’histoire. C’est le boulet de plomb de l’inventeur, la matière inerte ou s’enfoncent les enthousiasmes les plus éclatants, le marécage qui entoure l’ancienne cité et la défend mieux que les murailles les plus solides, mieux encore que la poitrine de ses guerriers, parce qu’il engloutit les assaillants dans ses goulées de limon, parce qu’il les décime et les décourage jusqu’à les faire renoncer parfois à leur entreprise héroïque » (Antonio Gramsci, Je hais les indifférents, page 55)

        Selon Gramsci, vous les indifférents, vous êtes une matière inerte, inanimée, vous êtes la masse qui décourage les résistants, vous êtes la masse qui défend le régime mieux que ses propres soldats et ses chars, vous êtes la masse qui ne vit pas, puisque vous ne résistez pas, bref, vous n’êtes qu’un marécage, vous ne ferez jamais l’histoire, vous n’entrerez jamais dans l’histoire.

       Quand l’histoire du parcours démocratique de notre pays sera racontée, vous n’y figurerez qu’en tant que paysage, décor, nature morte, objet. Et les sujets, les personnages, les héros de l’histoire, seront tous ces jeunes, cette zone autrefois bannie. Nos dirigeants se recueilleront devant leurs tombes et reconnaitront leur apport à l’avènement d’une Guinée démocratique. Et  des rues, des écoles, des mairies, et autres bâtiments officiels porteront leurs  noms, des hommages leur seront rendus, et reconnaissance sera faite à leurs  familles.

      Les vrais pilleurs, les vrais voyous, les vrais loubards de ce pays, se trouvent dans les ministères, dans les administrations, dans les bureaux climatisés, dans les casernes militaires, dans les instances dirigeantes des partis politiques.

     Le voyou, ce n’est pas ce jeune à la tête non casquée, chaussures non fermées, pierre en main, face à une brute à la tête casquée, le corps robotisé, avec des bottes, et la mort en main. Ce jeune est un héros. 

-L’APPEL A LA PAIX

     C’est le coin, le maquis de la simplicité, de la peur, de la complicité, de l’inconscience politique, et du court-termisme.

     Moi appeler à la paix ? Non. Je ne suis pas un intellectuel au cerveau raboté, ramollis, affiné par la connivence, les convenances, les mondanités, le souci du rang social, de la carrière professionnelle, et de mon niveau de vie.  J’appelle à la justice.

    Ceux qui appellent à la paix, au maintien de l’ordre public, n’appellent ni plus ni moins, qu’au maintien d’un ordre social en leur faveur, d’un ordre social qui cache et masque un véritable désordre social, Ceux qui appellent au respect de la loi, appellent au respect d’une loi qui sanctionne leurs adversaires, mais les protège, les disculpe.

    On n’appelle pas à la paix en toute circonstance, par contre, on doit  réclamer la justice en toute circonstance. La justice est l’instrument pour réaliser la paix, et non l’inverse. 

     C’est pourquoi, La caricature de cette zone a échoué, la diabolisation a échoué, le mépris a échoué, les viols ont échoué, la brutalité, et les meurtres à bout portant ont échoué aussi. Tout échouera sauf la justice. 

    Pulvérisez cette zone par une bombe atomique, les survivants sans têtes, ou en momies, ou en forme d’extraterrestres, continueront encore à lutter, à vous harceler, à lancer des pierres. 

Par DMN Diallo

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