Camara Ibrahima Sory croupit toujours en prison

20 juin 2018 - Il ne conviendrait pas d’apporter des commentaires sur une décision du juge et l’idée serait acceptable d’autant plus aisément s’il s’agit d’une décision de justice mais dans le cas part...

Camara Ibrahima Sory croupit toujours en prison

Il ne conviendrait pas d’apporter des commentaires sur une décision du juge et l’idée serait acceptable d’autant plus aisément s’il s’agit d’une décision de justice mais dans le cas particulier de M. Camara Ibrahima Sory, c’est un acte manqué ou d’un véritable déni de justice. Il y’a des prisonniers politiques dans notre pays même si des juges maquillent les chefs d’accusations pour requalifier les faits afin de cacher le procès politique orchestré par le pouvoir.

Il y a de cela quelques mois que M. Camara, un activiste et responsable politique de l’UFDG, principal parti d’opposition est privé de liberté. Le juge a mis M. Camara en prison pour obéir à la volonté du président au détriment de la justice. Nous constatons en Guinée qu’il y’a des juges qui sont des outils politiques au service du pouvoir au lieu d’être des dispensateurs impartiaux de la justice et qui condamnent à tout va à travers le pays des militants de l’opposition pour faire de la condition de leur libération un levier politique dans les mains du président. Depuis l’accession de notre pays a l’indépendance, des juges ont toujours été le bras armé de ces différents régimes qui se sont succédé. 

Revenons au factuel, sa condamnation est basée sur outrage au chef de l’Etat qui s’avère également être le président d’un parti politique, d’où la sérieuse question quant à la légalité de cette procédure parce que la loi, supposée violée ne protège que le président de la République et non le président d’un parti politique. Cette procédure ne peut être légale que si nous faisons la différence entre le président de la République et le président du RPG, qui lui est un responsable politique quelconque qui ne profite pas de la loi qui protège la fonction du président.

 Le président qui est le premier citoyen du pays, viole à l’amont flagramment la loi qui l’interdit d’exercer une responsabilité dans un parti politique et quand les conséquences de cet acte s’abattent sur lui, il y a des juges à l’aval pour lui garantir l’impunité tout en l’accordant les faveurs de la loi qui protège sa fonction. Si l’on règle pas la question de sa duplicité de casquette, on ne devrait nullement condamner un Guinéen pour outrage au président parce qu’il entretient volontairement la confusion pour tirer un profit politique sur ses adversaires.

Mr Camara a dénoncé un message des communicants du RPG sur les réseaux sociaux qui faisait état d’une réunion avec leur président et avec une menace de bruler le marché Madina et quelques heures après le marché était en feu comme l’avait annoncé plus tôt ces communicants.

 Le plus paradoxal de cette histoire est que la menace en question a été belle et bien exécutée et les messages de menace proférés sur les réseaux sociaux à cet effet sont bien authentiques mais les auteurs n’ont même pas été inquiétés à plus forte raison arrêtés, alors que les dégâts s’évaluent en des millions de dollar us mais c’est celui qui a lancé l’alerte qui est incarcéré.

Sans vouloir mettre qui que ce soit en cause mais il faudra revenir sur quelques coïncidences qu’intriguent beaucoup de Guinéens dans ces histoires de court-circuit en Guinée. A chaque fois qu’il y a du feu au marché Madina depuis 2010 c’est qu’il y a des tensions politiques et c’était le cas en 2012,2013, 2015 et encore 2018 avec les conséquences que nous connaissons. Il n’y a aucune enquête sérieuse pour élucider les causes de ces incendies. C’est qu’à même bizarre que le cour- circuit ne frappe qu’à des moments spécifiques et bien précis.

Malheureusement le pouvoir n’a pas trouvé nécessaire de diligenter une enquête pour élucider la cause de ces courts-circuits quotidiens afin de dédommager les victimes mais il instruit le juge à travers le procureur pour condamner un patriote. Nous sommes en train de remarquer avec des juges guinéens que ceux sont les acteurs qui changent mais la scène recommence toujours. Notre constitution a doté les juges de tous les instruments légaux pour les permettre de s’affranchir de l’influence de l’exécutif mais ils peinent encore à s’émanciper.

La crédibilité d’un jugement est basée sur la capacité du juge d’appréhender le contexte et la circonstance afin d’apprécier et non dans l’interprétation très subjective d’une loi. Il faut par conséquent un vrai juge, indépendant pour sauver l’Etat de droit et non des juges qui se drapent dans leurs corporatismes pour dédouaner les dignitaires et condamner des innocents citoyens pour des nécessités de carrière, de conformisme, de renvois d’ascenseur, de liaisons dangereuses ou de collusions politiques.

A tous ceux qui s’agitent pour valider la condamnation de M. Camara Ibrahima Sory en criant au respect de la loi, nous leurs rappelons que la traite négrière était légale au regard de la loi de l’époque et des juges condamnaient les esclaves qui cherchaient à s’échapper pour être libre tout en protégeant le maître d’esclave, nous célébrons également tous M. Mandela aujourd’hui à travers le Mandela ’s Day comme l’icône politique au service de l’égalité ,de la justice et de la paix   mais n’oubliez pas qu’il a été condamné dans son pays  par le juge qui a estimé qu’il  était coupable de violation de la loi. Soyez bienveillant quant à l’interprétation des lois car l’histoire nous montre que les coupables d’aujourd’hui sont les héros et les martyrs de demain et M. alfa Kondé est aussi une illustration parfaite de cette logique

Les marginaux, les anticonformistes, les dissidents…Tous ceux qui observent les choses d’un autre angle, qui se démarquent des règles conventionnelles. Vous pouvez les admirer ou les désapprouver, les glorifier ou les dénigrer mais vous ne pouvez pas les ignorer car ils changent les choses, ils inspirent et font avancer la société.

Nous respectons la loi de la justice tout en dénonçant la loi du juge inféodé et nous demandons que M. Camara recouvre sa liberté car sa place n’est pas en prison parce que ce n’est pas un criminel, c’est un responsable politique engagé et républicain. 

Par DMN Diallo

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