La problématique de l'émigration des jeunes africains.

31 décembre 2017 - Après la diffusion des images affligeantes sur la vente des migrants africains en Libye, les réactions des Chefs d'Etat africains sont restées symboliques. Quelques pays ont pu rapatrier leurs ressortissants et le Rwanda s’...

La problématique de l'émigration des jeunes africains.

Après la diffusion des images affligeantes sur la vente des migrants africains en Libye, les réactions des Chefs d'Etat africains sont restées symboliques. Quelques pays ont pu rapatrier leurs ressortissants et le Rwanda s’est proposé à accueillir 30 000 de ces migrants africains. Un engagement louable à la dimension de l’honorable Paul Kagamé, mais qui ne résout pas le problème de l’émigration.


Nous avons les yeux rivés sur la Méditerranée alors que de l’autre côté de l’Atlantique un autre drame se joue chaque jour en Amérique du Sud, au Nicaragua et au Mexique particulièrement dans le silence le plus total. Des milliers de jeunes africaines et africains en route vers les USA y sont retenus dans des camps dans des conditions les plus inhumaines. Ils y meurent dans l’anonymat. Nos gouvernements le savent mais se taisent. Ceux-là sont les oubliés de nos émotions.


Les chefs d’Etats et de gouvernements de l’Union Européenne et leurs collègues de l’Union africaine se sont rencontrés les mercredi 29 et jeudi 30 novembre à Abidjan en Côte d’Ivoire. Les Européens se sont engagés à donner plus d’argent aux gouvernements africains qui, de leur côté, ont pris des engagements de contrôler davantage leurs frontières et combattre les passeurs d’hommes afin de mettre fin à l’immigration clandestine en Europe. Ainsi, les deux parties ont opté pour l’option militaro-policière, c'est-à-dire pour la répression, pour endiguer le fléau qui inquiète l’Europe ; au lieu de se pencher sur les vraies causes du problème : le déséquilibre des échanges Nord/Sud et la mal gouvernance des dirigeants africains.


Quatre semaines après ce scandale de Libye et la fin du sommet Union Africaine (UA)-Union Européenne (UE), consacré à cette tragédie, plusieurs centaines de Migrants ont été rapatriés par leurs pays. La Guinée elle, n’a toujours pas totalement rapatrié les siens. Beaucoup d’entre eux vivent encore sur les lieux de l'humiliation, redoutant chaque jour des réactions imprévisibles de leurs geôliers.


Quelle honte pour nous Guinéens ! Qu’est-ce que le gouvernement guinéen fait-il de l’article 19 de notre Constitution ? :


« Article 19: La jeunesse doit être particulièrement protégée par l’État et les collectivités contre l'exploitation et l'abandon moral, l’abus sexuel, le trafic d’enfant et la traite humaine. »


Par ailleurs, les jeunes qui ont été rapatriés ont-ils été ramenés au pays tout simplement et abandonnés à leurs sort ou bien ont-ils bénéficié d’une structure d’accompagnement ?


Dans une déclaration publiée il y a quelques jours sur des sites guinéens (Lire), nous avons exprimé, notre ressenti sur cette énorme humiliation infligée à tout le continent noir par des individus qui se réclament de la religion du Prophète Mohammad (sws). Il est à noter qu’à ce jour aucun Etat arabe n’a formellement condamné ce qui s’est passé en Libye. Alors que nos chefs d’Etat se précipitent pour un rien à soutenir ces derniers (Lire).


Dans cette nouvelle publication, nous nous proposons de traiter ce phénomène d'émigration clandestine massive des jeunes africains vers l'Europe et les États-Unis. Avec quelques chiffres à l'appui, nous essayerons de comprendre les raisons qui poussent des centaines de milliers de jeunes africaines et africains, très souvent avec le soutien et les encouragements de leurs familles, à s'engager dans des aventures aussi périlleuses.


 


Causes et conséquences de l'émigration massive des jeunes africains


1 – Causes de l'émigration massive des jeunes africains


Depuis plus de dix ans ce phénomène s'amplifie et touche désormais toute l'Afrique, exceptés quelques pays de l'Afrique Australe.


Depuis le début des années 90, l’Afrique est en mutation politique, les peuples exigeant plus de démocratie et d’alternance politique. L’Afrique était donc en pleine mutation quand l’Occident, soucié de garder le monopôle sur des marchés et activités génératrices de richesses dans le monde, met en route son projet de la Globalisation.


En ce qui concerne nos pays, ce projet a commencé par le plan d’ajustement structurel (PAS) imposé à nos pays au début des années 1980 par des institutions de Bretton-Woods (Le FMI et la Banque Mondiale) sous l’impulsion du néo-libéralisme. Les conséquences sociales du PAS qui interdisait à nos pays tout investissement dans les équipements sociaux de base (la distribution d’eau et d’électricité, écoles, universités, dispensaires, hôpitaux etc.), la privatisation des entreprises publiques et la réduction du nombre des fonctionnaires) ont été catastrophiques pour nos pays, constituant un énorme frein au développement de ces derniers.


A bien des égards, le PAS a affaibli nos Etats. En effet, dans des pays, comme la Guinée, où l’entreprenariat privé a été aboli depuis 1963 (La loi cadre), la création d’entreprises, sources d’emplois, devient une équation difficile à résoudre.


A travers la « Globalisation », l’humanité est tombée dans le piège des ultra-néolibéraux. Le rapport de janvier 2017 de l’Oxfam, la confédération internationale de 19 organisations pour la lutte contre la pauvreté dans le monde, atteste cette évolution dangereuse de l’humanité. Ses chiffres de 2016 sont effrayants : son étude révèle que, sous l’effet de la Globalisation, l’injustice et l’inégalité sociales n’ont jamais été aussi graves dans le monde. Jamais le monde n’a été aussi riche, et jamais l’humanité n’a été aussi miséreuse. En effet, il ressort de ces chiffres que désormais, seules 8 personnes, responsables de grandes entreprises, détiennent  l’équivalent de la sommes des richesses de 3600 millions de personnes sur terre, c’est à dire de la moitié de l’humanité. Cette misère se répercute jusque dans les villages les plus reculés de nos pays. Ce qui amplifie la désertification totale de nos campagnes au profit des grandes villes qui n’offrent aucune perspective aux jeunes. La monté de la criminalité dans les villes et l’émigration en sont les conséquences directes.


Cette politique néolibérale n’a pas eu des conséquences néfastes que pour nos pays sous-développés. Mêmes certains Etats européens s’écroulent ou sont menacés d’effondrement sous la pauvreté et la crise sociale, comme la Grèce, le Portugal, l’Espagne, l’Italie etc.


Pour illustrer cela, le Ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, récipiendaire du Prix Charlemagne déclarait ceci le jeudi 17 mai 2012 : « A cause de la Globalisation, notre survie et notre avenir se trouve dans la maison Europe ».


Qu’en est-il donc des peuples africains ? Nos dirigeants africains eux pensent-ils à l’avenir de leurs peuples ?


Frappés de crise, certains Etats européens vont désormais jusqu’à vendre le Visa-Schengen et la nationalité pour renflouer leurs caisses. On les appelle "pays de Golden Visa" dans l’Union Européenne (UE) :


- La République de Chypre : a commencé en offrant la nationalité à tout investisseur qui y amène deux millions d’euros.
- Le Portugal : adopte un programme similaire en offrant un visa valable dans les pays de l’UE pour un investissement à partir de 500.000 Euros.
- La Grèce fait une offre plus intéressante : celui qui y investit à partir de 250 000 euros, aura pour lui, sa femme, ses enfants de moins de 21 ans, ses deux parents et les deux parents de sa femme, le "Golden Visa" à l’immédiat.


Les intéressés qui viennent massivement sont des Chinois, des Russes, des Turcs et des Arabes.  Toutes choses, non dites, qui ont conduit la Grande Bretagne à se retirer de l’Union et qui menacent à la longue l’avenir de l’association politico-économique européenne elle-même.


Ainsi ces pays européens choisissent les immigrés qu’ils veulent avoir. Ce sont les nôtres qui doivent mourir dans la Méditerranée et être internés dans des camps de tortures parce qu’ils sont pauvres. Or, pour nos pays africains, lorsqu’on combine les effets pervers de la globalisation avec ceux de la détérioration des termes d’échanges, l’on comprend aisément que la situation économique de nos pays ne peut que s’empirer. Et l’instinct de survie poussera de plus en plus de personnes à partir vers les pays économiquement riches et politiquement stables.


Les gouvernements occidentaux, confrontés à des délocalisations d’entreprises et à des crises économiques qui vont suivre, font un revirement par rapport à des valeurs et principes qu'ils disent leur être chers : le respect des droits de l’homme et la démocratie. Sous l’influence des multinationales qui parrainent les dictateurs en Afrique. En Afrique francophone, l’organisation de la Francophonie et les opérateurs électoraux français SAGEM et GEMALTO deviennent des instruments au service des dictateurs qui veulent se maintenir au pouvoir et avoir de la majorité au Parlement. L’Afrique Subsaharienne rechute et tombe dans une crise à la fois politique et économique poussant des cerveaux et hommes d’affaires à s’exiler. 
La gouvernance est plus mal aujourd’hui en Afrique qu’avant les années 90, les dirigeants n’étant préoccupés que par s’enrichir personnellement et satisfaire des parrains occidentaux et des multinationales devenues faiseurs de rois. Le cas du Président guinéen Alpha Condé devenu le N°. 2 du Top 5 des dirigeants corrompus en Afrique en moins de 5 ans au pouvoir est un exemple frappant (Lire).


Des milliers de diplômés qui sortent des universités chaque année n’ont aucune perspective d’avenir dans leur pays. La seule perspective qui s’offre à ces jeunes, c’est de s’exiler dans l’espoir d’un lendemain meilleur, alors que des milliards en dollars volés aux Africains sont accumulés dans des banques européennes et, depuis quelques temps, dans des banques arabes aussi. C’est ainsi que plusieurs dizaines de millions de dollars d’Alpha Condé furent interceptés à Dakar par la douane sénégalaise le 8 août 2014. Des caisses d’argent qu’il a voulus transporter à Dubaï comme d’habitude à bord de la compagnie de transport civil Emirates (Lire).


Le site lebanco.net dans un article du 23 novembre 2017 à propos des fonds détournés des dirigeants africains et leurs proches entre 1998-2008:


« Selon une estimation de Michel Camdessus, ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI) cité par le site d'information suisse, Le courrier, l'argent détourné par les leaders africains et leurs proches au cours de la décennie 1998-2008 et placé dans les comptes suisses et dans les paradis fiscaux s'évaluait à environ 1000 milliards de dollar, soit 500 000 000 000 000 FCFA (Cinq cent mille milliards de FCFA), l'équivalent de 83 ans du budget actuel de la Côte d'Ivoire » (Lire 12 et 3).


Les Accords de Partenariat Économique (APE)


Ils constituent le volet commercial de l'Accord de Cotonou dont la mise en œuvre entraîne un profond changement dans les relations commerciales entre les pays africains et l’Union européenne et des conséquences dramatiques pour les pays pauvres d’Afrique Subsaharienne.


Tout partenariat obtenu dans le chantage et la pression par l’une des parties n’est pas une relation de consentement. Rappelons que les Lois européennes interdisent le mariage forcé. Cependant, l’Union Européenne frappée de crise, tente de compenser ses déficits en imposant à l’Afrique Subsaharienne, déjà en difficulté, un accord de « libre-échange » à sens unique. Ils imposent aux pays africains, la suppression de leurs droits de douane sur 80% des exportations européennes. En effet, l’accord dit de partenariat économique (APE) entre l’Union Européenne et les Etats de l’Afrique de l’Ouest a été obtenu en juillet 2014 par la Commission européenne au prix de chantages et de pressions sur nos faibles et pauvres Etats. Il sera qualifié par certains économistes d’un blanc-seing donné par la Commission européenne aux multinationales européennes pour piller les ressources et le marché africains (Lire 1 et 2).


Comment l’Afrique pourrait-elle s’en sortir et offrir de l’emploi à ses enfants dans une telle concurrence déséquilibrée ?


Avant cet accord Euro-Afrique, les dirigeants africains avaient souscrit aux accords commerciaux injustes voire racistes de l’OMC au détriment de leurs propres peuples. Les accords de l’OMC maintiennent l’Afrique dans le sous-développement, empêchent son industrialisation et la création d’emplois dans nos pays, tout en tuant des producteurs locaux.


Le libre-échange économique ne fonctionne justement qu’entre des Etats qui ont à peu près le même niveau de développement. Dans le cas contraire, c’est le rapport Maitre/Serviteur que l’on crée entre le puissant et le faible dans son propre pays. Alors que l’Occident, pour atteindre la prospérité et arriver au niveau économique qu’il a atteint aujourd’hui, a protégé pendant des décennies sinon des siècles, ses propres producteurs. Il en est encore de même aujourd’hui pour leurs agriculteurs qu’ils subventionnent et protègent.


A ce niveau, il faut souligner que la situation de notre agriculture étant déjà problématique, l’adhésion du Maroc à la CEDEAO serait une grave erreur. Cette adhésion aura, pour les pays de la CEDEAO, des conséquences aujourd’hui insoupçonnées. En effet, le niveau de développement de l’agriculture marocaine n’a rien à envier aujourd’hui à celle de l’Europe. Les pays de la CEDEAO deviendront de fait un marché pour l’agriculture marocaine réduisant ainsi à néant toute tentative de développer une agriculture moderne dans nos pays. C’est aussi valable pour beaucoup d’autres secteurs.


Mis de côté les questions juridiques qui mettraient à l’échec ce projet si les Africains respectaient les textes, la CEDEAO est la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest, l’une des cinq régions géographiques de l’Afrique à laquelle n’appartient pas le Maroc. Chaque pays du continent africain doit en effet appartenir à une seule région. Le Maroc se situe en Afrique du Nord, dans le Maghreb et appartient de ce fait à l’Union du Maghreb Arabe (UMA). Introduire ce pays dans la CEDEAO, c’est, en plus de la violation des textes de l’organisation africaine, vendre purement et simplement nos terres, nos ressources et nos populations au Maroc et aux pays arabes qui y trouveront accès sous le manteau marocain. En effet, toute entreprise qui s’établit au Maroc aurait directement accès libre à la zone. Les conséquences d’une telle décision politique irréfléchie seront dramatiques pour nos peuples, de part et d’autre. En effet, les Noirs ne sont pas acceptés de gaité de cœur dans les pays du Maghreb. Les affrontements enregistrés le 25 novembre 2017 entre migrants subsahariens et jeunes marocains à Casablanca doivent nous interpeller tous (Vidéo), même s’il faut reconnaitre les efforts des autorités marocaines envers nos pays. La CEDEAO pourrait, à la place de l’Adhésion, développer des relations privilégiées avec le Maroc.


 


2 – Les conséquences de l'émigration massive des jeunes africains


La fuite massive des bras valides africains vers l’Europe n’a pas commencé aujourd’hui. C’est en 1989 que l’ancien Premier ministre français, Michel Rocard, prononça sa célèbre phrase qui choqua tout le monde sauf les dirigeants africains : « La France et l'Europe ne peuvent pas continuer à accueillir toute la misère du monde », dit-il faisant allusion aux immigrés africains.


La vague de l’immigration clandestine des jeunes africains en Europe prend une ampleur plus grande chaque année. Lors de la traversée vers l’Europe, beaucoup de migrants trouvent la mort ou disparaissent dans des conditions très dramatiques dans le désert, en mer ou dans des centres de détention installés par des Européens sur le continent noir. Malgré tout ce danger, le nombre de jeunes  africains qui rêvent un jour de quitter leur pays de manière clandestine pour tenter leur chance à la traversée vers l’Europe ne fait que grandir. Les pays africains se vident de leurs bras-valides et les pays européens se voient confrontés à l’arrivée massive d’étrangers non désirés qui favorise la monté de l’extrême droite et par conséquent le rejet de l’étranger.


Face à une telle situation, il devient urgent pour nos pays d’élaborer des programmes de développement économiques et sociaux permettant la création d’emplois afin d’offrir une meilleure perspective aux jeunes.


Au lieu de réfléchir dans ce sens, les Européens prennent des mesures inhumaines qui ont conduit au génocide auquel nous assistons en Libye et sur la Méditerranée dans le silence coupable de l’Union Africaine et de la CPI (Cour Pénale Internationale) de Fatou Ben Souda.


Beaucoup de chefs d’Etats africains se sont agités, suite aux publications d’images insoutenables par CNN, des traitements ignobles sur des Noirs en Libye, à commencer par le Président guinéen, Alpha Condé, par ailleurs président en exercice de l’Union Africaine (UA).


En effet, en 2017, sur le continent africain, des africains noirs de la région Subsaharienne sont vendus par d'autres africains de l'Afrique du Nord comme des bêtes de somme. Cependant, ce qui se passe en Libye n’est non seulement pas un cas isolé, mais aussi le calvaire des Africains dans cette région n’a pas commencé cette année. Depuis l’année passée, il y a eu plusieurs témoignages avec des images à l’appui, des Guinéens surtout, sur d’effroyables cruautés sur des Africains noirs en Algérie. Sans réaction ni de la Guinée ni des autres dirigeants africains ! Des vidéos de tortures de Migrants africains noirs en Amérique Latine ont également circulé sur le Net, sans réaction des gouvernements africains ni de l’Union Africaine. En Inde également, les Africains qui y viennent pour des études ou pour se soigner vivent dans le racisme et les violences ciblées, dans l’indifférence des Institutions africaines (Lire 12 et 3).


N’ayons plus peur de le dire, l’homme ou la femme noire est la personne que l’on peut agresser, humilier et tuer aujourd’hui à cause de la couleur de sa peau sans aucune conséquence, parce que nous n’avons pas de dirigeants dignes. Les institutions africaines ne servent en réalité qu’à offrir de l’emploi et de la bonne retraite aux anciens dictateurs et à leurs complices (proches et serviteurs) sur le dos des peuples qu’ils ont opprimés, pillés et mis en retard.


Dans son émission « Complément d’enquête » du 9 novembre 2017, France 2 a montré un immense cimetière aménagé par une organisation humanitaire qui se charge d’enterrer les corps d’immigrants noirs tués en Libye par tortures (des disparus dont les parents attendent des nouvelles en Afrique). Nous apprenons également dans cette émission qu’en 2016 plus de 5000 noirs africains ont trouvé la mort en Méditerranée. Dans le camp visité par les enquêteurs de France 2, un des prisonniers choisi au hasard pour lui demander ses origines était Guinéen.


Des médecins d’organisations humanitaires témoignent que les traitements subis par nos frères et sœurs en Algérie et en Libye, parce que leurs familles ne pouvaient pas payer les rançons, sont exactement du même type enregistré pendant le génocide Ruandais. Une aggravation dramatique de la situation connue de l’Europe et de nos dirigeants africains bien avant 2014. En effet, le 10 avril 2015, le journal en ligne oranais.com a publié des images de plusieurs cadavres flottants de noirs africains qui seraient tués par la marine égyptienne qui a bombardé leur bateau qui voulait rejoindre l’Europe. Sans le moindre mot de la part de l’UA !


Depuis fin 2015, on appelle les Migrants "Les Diamants noirs" en Libye. D’après le rapport de 2015 du Haut Commissariat des Nations Unies pour les refugiés, l’année 2014 fut la plus meurtrière de toute l’histoire de la mer Méditerranée, avec 3500 personnes disparues. Sans réaction des dirigeants africains !


Le 24/04/2015 la franco-sénégalaise Fatou Diomé s’est publiquement indignée, sur la France 2, pour le silence de l’Union Africaine face aux morts africains dans la Méditerranée (Vidéo). Cela ne troublera pas leur sommeil !


Jusqu’en novembre 2017, les autorités guinéennes n'ont pas levé le petit doigt et l'Union Africaine présidée par le Président guinéen Alpha Condé est restée muette ! Cela est d’autant plus incompréhensible pour la Guinée que l’Etat est interpellé sur le phénomène depuis 1999. En effet, c’est au 28 juillet 1999 que les deux adolescents Guinéens, Yaguine Koita (15 ans) et Fodé Tounkara (14 ans) furent des passagers clandestins du vol 520 Sabena Airlines en provenance de Conakry (Guinée) et à destination de Bruxelles (Belgique). On les retrouvera morts de froid le 2 août dans le train d’atterrissage de l’appareil à l’aéroport international de Bruxelles. Ces enfants portaient sur eux une lettre adressée aux dirigeants européens, leur expliquant le désespoir qui les a conduits à prendre de tels risques de mourir pour le petit espoir d’arriver en Europe où ils auraient une perspective d’avenir. C’est cette Europe qui, en 2014, impose aux Etats africains des traités qui aggravent la misère et le désespoir sur le Continent noir !


Fatou Bensouda de la Cour Pénale Internationale (CPI) est un autre exemple de honte et d’irresponsabilité. Ces dirigeants africains de l’autre âge, bêtes et avides de pouvoir, sont sans vision et sans autre ambition que l’enrichissement personnel. Ils n’occupent des postes que pour des privilèges et titres pompeux pour desquels ils sont prêts à vendre leurs âmes et à faire  le bourreau contre leurs peuples.


Cette tragédie de Libye qui constitue un crime contre l’humanité (Article 2 de la Convention du 9 décembre 1948 adoptée par l'assemblée générale des Nations Unies), mais qui n’a suscité des réactions de nos chefs d’Etats que suite à la publication de CNN, expose à la face du monde, l’irresponsabilité de la CPI et des dirigeants africains dont Monsieur Alpha Condé en tête et la nécessité aux jeunes africains, orphelins de fait, à prendre leur destin en main en chassant tous les vieux dictateurs et dirigeants corrompus de notre continent.


Ni les gouvernements africains ni l’Union Européenne (UE) ni la CPI ne sauraient prétendre qu’ils n’étaient pas au courant de ces crimes organisés en Libye contre les Migrants africains. En effet, en 2016 et comme le rapporte des journaux européens, les 28 pays de l’UE ont décidé de désamorcer le déferlement migratoire venant d'Afrique, en appliquant la recette turque à la Libye, plaque tournante des routes d'émigration qui partent de l’Afrique de l'Ouest (Guinée, Sénégal, Côte d'Ivoire, Nigeria) et de la Corne de l'Afrique (Somalie, Ethiopie, Kenya, Érythrée, Djibouti). C’est à juste raison d’ailleurs que dans son rapport du 12 décembre 2017, Amnesty International (AI) accuse les gouvernements européens de « complicité » des crimes commis sur les Migrants en Libye. C’est l’UE qui finance, forme, entraîne et équipe des dizaines de gardes-côtes libyens qui, comme leurs collègues turcs, ont eu la tâche de faire barrage aux Migrants africains en les arrêtant et les regroupant dans des « centres de détention », où ils sont à la merci du racket et de l'esclavage sexuel. Ce fait avait été dénoncé par Le Figaro.fr dans un article publié le 13/06/2017. Sans qu’aucun gouvernement africain ni même l’Union Africaine ne proteste. Dans le même article, Le Figaro.fr a publié un tableau révélant, qu’en trois ans, on a enregistré plus de 10 000 morts Migrants africains tentant de rejoindre l’Europe par la mer. Et on a vu des photos macabres de cadavres de jeunes et d’enfants africains régulièrement pêchés dans la Méditerranée. Sans que l’Union Africaine dirigée par Alpha Condé n’en soit émue !


La Guinée est aujourd’hui l’un des pays les plus touchés par le fléau. C’est à se demander si provoquer les départs volontaires de la frange de la population susceptible de contester ou demander des comptes au pouvoir, c'est-à-dire la jeunesse et les diplômés sans emploi, n’est pas une stratégie du régime condé en Guinée. En effet, cela fait plusieurs années qu’on enregistre annuellement des milliers de jeunes clandestins guinéens, y compris des mineurs, arrivés en Europe de par le Maghreb et la mer. Cela n’a jamais été une préoccupation du gouvernement guinéen. D’ailleurs, les statistiques démontrent clairement que depuis l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir, la Guinée est devenue en quelques années l’un des pays à plus fort taux de refugiés, tous cherchant à fuir la misère et une gouvernance asphyxiante, discriminatoire et violente. Alpha Condé a érigé l’ethnocentrisme, le crime organisé, la corruption, le népotisme, des assassinats ciblés et l’impunité garantie aux criminels qui sont à ses services, en mode de gouvernement en Guinée, provoquant la fuite des bras valides et des diplômés du pays. A chaque fois que l’opposition organise une manifestation politique, le régime condé envoie des hommes armés tirer à balles réelles sur des enfants dans les quartiers populaires, jusqu’à deux à trois jours après les manifestations. Des mouvements de revendications d’élèves et des étudiants sont réprimés dans le sang faisant sciemment des morts et blessés par balles. C’est encore le cas en novembre 2017 avec trois élèves tués par balles, parce qu’ils réclamaient la reprise des cours (Lire). Rappel : le lundi 20 février 2017, on avait enregistré, à Conakry, au moins 5 morts et 30 blessés lors de manifestations pour la réouverture des classes (Lire).


Le samedi 25 novembre 2017, la seule façon pour Alpha Condé de gérer la grève des enseignants qui ont déjà enregistré des emprisonnements et des morts par balles, c’est de proférer des menaces contre la presse : « Tout média qui relaie les communiqués du syndicat en grève sera fermé ».


Alors ce genre de chefs d’Etats qui n’ont aucune considération pour la vie et les droits de leurs citoyens interviendraient-ils à l’étranger pour les sauver ?


Plus Alpha Condé dure au pouvoir, plus la Guinée produit des refugiés en direction de l’Afrique australe, de l’Europe et des USA. Les chiffres le démontrent : selon le Figaro.fr qui cite l’Organisation internationale des migrations, le nombre de Migrants guinéens sur les côtes italiennes était 2 801 en 2015 et 13 342 en 2016. A noter que selon les autorités, un réfugié sur trois n’est pas répertorié en Italie. Le Nigéria était jusque-là en tête. Selon un article de Libération publié le 05 juillet 2017, du 01 janvier à novembre 2017, la Guinée a pris la tête avec l’arrivée, en six mois seulement, de plus de 5 960 Migrants guinéens dans la seule Italie. La tendance est la même du côté de l’Espagne. L’hémorragie humaine et juvénile que vit la Guinée sous Alpha Condé a atteint des proportions inquiétantes depuis longtemps. Pendant ce temps, le dictateur guinéen s’offre un budget personnel de plus de 100 000 euros par jour (y compris les weekends) et, pour 2017, donne 5 milliards de francs guinéens soit 13 millions 698 milles et 630 francs guinéens par jour à son principal opposant Cellou Dalein Diallo (UFDG) qui fait son jeu. Son deuxième opposant quant à lui, Sidya Touré (UFR), occupe le poste artificiel et fallacieux de Haut Représentant du chef de l’Etat.


En Guinée, Alpha Condé a divisé et corrompu les syndicats, il a divisé et corrompu la société civile, il a divisé, corrompu et intimidé la classe politique. Le peuple est abandonné à son sort, livré aux caprices et au bon vouloir d’un dictateur déraciné et archaïque qui n’a ni famille ni aucune autre attache sociale dans le pays où il rêve se maintenir à vie au pouvoir. Alpha Condé a créé tellement de déception, de désespoir et de négativités en Guinée que pour se maintenir au pouvoir au-delà de son mandat légal qui termine en 2020, il va devoir marcher sur des milliers de cadavres et pourrait provoquer des millions de morts dans ce pays qui n’est pas celui de ses ancêtres.


Depuis son arrivée au pouvoir, Alpha Condé a passé plus de temps dans l’avion que dans son bureau à la Présidence de la République, aux frais du contribuable guinéen.


Selon les informations qui circulent sur les nationalités des Migrants détenus en novembre 2017 en Libye dans les camps accessibles aux ONG, il y aurait de: 


- Mauritanie, 16    personnes  dont 0   femmes
- Guinée-Bissau, 56 personnes dont 7  femmes
- Cameroun, 61 personnes dont  17 femmes
- Côte d'ivoire, 103 personnes dont 18 femmes
- Nigeria, 105 personnes dont 60 femmes
- Ghana, 710  personnes dont 7 femmes
- Guinée Conakry, 711 dont 42 femmes
- Sénégal, 740 personnes dont 21 femmes
- Mali Bamako, 800 personnes dont 9 femmes


Est-ce que la Guinée ou un des pays concernés ici n’aurait-il pas les moyens d’aller libérer ses citoyens et les ramener à la maison ? Pourquoi l’Union Africaine n’exige-t-elle pas de l’OTAN qui a créé le chaos en Libye ou de l’Union Européenne qui finance et arme les bourreaux, à rechercher et libérer les Noirs des camps de concentrations qu’elle fait ériger en dehors de ses frontières ? Chacun des pays membres de l’Union Européenne l’aurait fait avant d’engager une poursuite judiciaire contre les responsables de ces crimes crapuleux. Nous demandons aux dirigeants africains d’aller au-delà des déclarations et condamnations théoriques pour agir concrètement sans délai !


 


3- Conclusion


Ce sont les rapports injustes Nord/Sud et la mal gouvernance des dirigeants politiques africains qui poussent les jeunes à partir au péril de leur vie. En obligeant nos pays à économie balbutiante à ouvrir leurs frontières commerciales aux grandes entreprises occidentales, les Occidentaux ont une part de responsabilité dans l'appauvrissement de nos populations et le désespoir qui pousse les jeunes africains à fuir la terre de leurs ancêtres. On a pratiquement démantelé l’Etat en l’affaiblissant en Afrique. L’Etat n’investissant plus dans les villages et dans les régions qui manquent d’eau potable, d’électricité, d’écoles et d’hôpitaux, beaucoup de villages africains sont menacés de disparition aujourd’hui à cause de l’exode rural et l’émigration.


Les Africains sont stratégiquement entretenus dans le rôle de fournisseurs de matières premières, sans même avoir le droit de participer à la fixation des prix de ces matières premières. On les oblige d’ouvrir leurs frontières aux produits et aux entreprises occidentales avec lesquelles les producteurs africains ne peuvent pas faire concurrence, tuant toute perspective de développement local et de création d’emplois pour les jeunes africains chez eux. Cette faute n’incombe pas aux Occidentaux seulement. Les dirigeants africains devraient refuser ces mesures qui tuent leurs peuples, s’ils étaient responsables.


L’expérience de ces dernières années du côté de la Méditerranée, des hautes clôtures barbelées de l’enclave espagnole de Melila au Maroc, toujours franchies, celle de Yaguine Koita (15 ans) et Fodé Tounkara (14 ans), comme d’ailleurs l’histoire de l’émigration européenne vers l’Amérique, l’Australie et l’Afrique Australe le démontrent, rien ne peut dissuader un jeune désespéré en quête de survie de partir vers un horizon meilleur. La majorité des dirigeants africains ayant fait preuve d’irresponsabilité incurable, l’Occident se doit de le comprendre et exiger des africains le respect scrupuleux des principes de la démocratie, de la bonne gouvernance et laisser aux Africains leur espace et leurs ressources vitales. L’Afrique n’a pas besoin d’aide, mais de justice. Au lieu d’offrir de l’argent aux africains, qu’on achète leurs matières premières et leurs produits à leurs justes prix !


Pour ce qui s’est passé en Libye, nous exhortons la diaspora africaine à se donner la main avec des journalistes et humanitaires européens qui dénoncent ces faits depuis longtemps, pour porter plainte contre l’UE, qui est la tutrice et mandataire des kidnappeurs de Noirs en Libye (gardes-côtes libyens), pour crimes et complicité de crimes contre l’humanité. Cela permettrait aux victimes d’obtenir au moins des indemnisations pour des dommages subis.


Avec le retard que nous accusons, nous Africains, nous ne pouvons pas nous en sortir seuls, sans les autres. De par sa proximité géographique, le passé colonial et les liens linguistiques qui nous lient, l’Europe est le partenaire idéal de l’Afrique. Cependant, comme l’a dit Charles de Gaulle, les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. Notre partenaire doit être celui qui nous traite avec plus de respect et d’équité.


Quant aux jeunes africains, ils doivent comprendre que s’ils font face aux dirigeants africains avec la même énergie et détermination avec lesquelles ils prennent le désert et la mer pour émigrer vers l’Europe et les USA, ils trouveront de l’emploi et une vie meilleure sur place auprès des leurs. Que l’on cesse de penser toujours que c’est l’Occident qui décide, qui doit être chef d’Etat chez nous ! Les récents exemples du Burkina et du Bénin où l’indépendant et patriote Patrice Talon a gagné contre le néolibéral et chef du gouvernement sortant, le franco-béninois Lionel Zinsou, ont démontré que le peuple a désormais le dernier mot en Afrique aussi s’il décide de faire valoir ses droits.


Si nous voulons que nos pays s’en sortent et que le Noir aussi jouisse de la même considération que les autres races, nous devons cesser de soutenir un dirigeant ou un homme politique à cause de son appartenance ethnique ou régionale. Nous devons refuser de voter pour des hommes politiques qui n’ont même pas le courage de dire la vérité aux dirigeants et à nos partenaires occidentaux. Nous devons éviter de voter pour des soi-disant leaders qui n’ont pas le courage de défendre les intérêts de leurs peuples. Nous devons nous lever en tant que peuple et lutter pour nos droits chez nous !


 


SADIO BARRY,
Président de l’organisation guinéo-allemande Amicale de Guinée Aachen e.V.
Président du parti Bloc pour l’Alternance en Guinée (BAG).

Par DMN Diallo

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