GUINÉE : Lutte contre un troisième mandat, la supercherie des partis politiques de l’opposition.

14 septembre 2020 - GUINÉE : Lutte contre un troisième mandat, la supercherie des partis politiques de l’opposition.


La république de Guinée a incroyablement réussi à faire de sa marque politique d’élire des présidents dont ni les lois ni les...

GUINÉE : Lutte contre un troisième mandat, la supercherie des partis politiques de l’opposition.
GUINÉE : Lutte contre un troisième mandat, la supercherie des partis politiques de l’opposition.


La république de Guinée a incroyablement réussi à faire de sa marque politique d’élire des présidents dont ni les lois ni les hommes ne peuvent les révoquer de leur fonction. Ainsi, nonobstant des constitutions prévoyant des limitations de mandat, des présidents réussissent encore à y demeurer jusqu’à la fin de leur vie ou presque. Ce phénomène étant, bien que, décrié mais elle persiste dans le système politique Guinéen par le biais des manipulations des textes constitutionnels justifiées par des circonstances ostentatoirement fallacieuses.
Ainsi, c’est face à ces comportements perpétrés par des acteurs politiques qui restent  incompréhensibles pour des citoyens,  que la présente analyse s’est avérée essentielle.  Elle portera à priori sur les origines de la légitimité de la nouvelle candidature pour l’élection d’Octobre 2020 après dix ans de présidence en république de Guinée (I). Ensuite, elle abordera la question de l’impossibilité de réalisation de l’exemple Malien en Guinée (II)

I- Des origines de la légitimité de la nouvelle candidature d’Alpha Condé en 2020 :

En quoi une éventuelle candidature d’Alpha condé pour la présidentielle de 2020 dérange-t-elle ?
Certes, l’on trouve choquant que le candidat du RPG tente de briguer un nouveau mandat « dit de troisième mandat », mais nul ne trouve choquant que les présidents des partis de l’opposition tentent immuablement de briguer un mandat présidentiel. Autrement dit, pourquoi les autres partis politiques n’ont pas aussi investis de nouveaux candidats, de nouveaux visages ? Ou bien les mêmes leaders de ces partis sont-ils les seuls capables à exercer cette fonction ?
D’ailleurs, il faut rappeler que Alpha Condé est le chef de son parti depuis des décennies, tout comme beaucoup d’autres leaders qui restent les mêmes chefs de leurs formations politiques depuis des décennies également.
Au regard de ces interrogations s’avèrent de véritable aberration. C’est tout l’origine de l’utopisme de la prétendue lutte pour la démocratie ou plus pudiquement pour transition démocratique.
Il ressort dès lors, que si le RPG a échoué dans sa politique de promotion de la jeunesse, il s’avère aussi sans doute que les autres partis politiques n’ont pas, de leur coté, connu de succès.
Sinon qu’en matière de candidature présidentielle, le mal n’existe que lorsque c’est le président de la république sortant qui se représenterait même s’il est investi par son parti, alors que les leaders des partis de l’opposition sont habilités à se représenter autant de fois qu’ils souhaiteraient. Ici, le loup se cache dans le flou.
À ce titre d’aucuns opposeront le fait que les partis politiques seront régis par leur règlement, alors qu’une élection présidentielle serait réglementée par la constitution qui a donc une portée nationale.
Il faut noter que ces argumentations ne peuvent, en elles seules, être satisfaisantes. Car, en l’espèce, dans le cadre du RPG, le candidat a été désigné conformément au règlement de ce parti. Quant à la conformité à la constitution, il n’existe pas d’inconvénient insurmontable apparent au regard de la constitution du 22 mars 2020. D’ailleurs s’il y aurait un quelconque problème au niveau constitutionnel ce serait au regard de celle de 2010, mais cela ne saurait point faire l’objet d’un débat car elle a été balayé par la nouvelle constitution bien que celle-ci reste critiquable par la forme et par le fond. Mais lorsqu’une loi, en l’occurrence la constitution, est élaborée en laissant des failles persister durant son existence, alors profitera de ces failles qui le peut. Après tout la constitution n’est qu’une œuvre humaine, donc imparfaite. Elle a besoin d’être améliorée, adapter au visage de la nation au fil du temps, cette constitution doit être changée lorsqu’elle est dépassée par les circonstances de l’époque qu’elle est censée régir. Il s’agit là, comme disait le roi Mohamed VI du Maroc « d’adapter l’habit à la silhouette de celui qui l’a porte ».
Par ailleurs, l’acte de présentation de candidature des partis de l’opposition, pour la présidentielle prévu au 18 Octobre 2020, consacre une acceptation entière de la constitution du 22 mars 2020. Et donc, à ce titre, la candidature du leader de RPG -Arc-en-ciel reste pleinement valable.
Par conséquent, il faut regretter le fait que des partis politiques ont manifestement souillé la lutte du front national pour la défense de la constitution de 2010 (FNDC). Cette structure avait perdue sa crédibilité et sa force d’action au moment qu’elle a laissé ces partis politiques participer à ces actions. Certains même avaient fait de cette structure un tremplin pour entamer des manœuvres qui allaient dans leur propre intérêt. Des véritables acteurs du FNDC avait connu la prison et d’autres y croupissent encore aujourd’hui ; d’autres avaient risqué leur vie et exposé leurs familles à des dangers. Il faut ici saluer la mémoire et la bravoure des victimes des différentes manifestations de cette structure. Le FNDC avait été démantelé, souillé et affaibli par des acteurs politiques dont les vertus ne pèsent point le poids d’un plume de poussin. Des acteurs politiques qui luttaient faussement contre le changement de la constitution de 2010, adhèrent aujourd’hui de manière ostentatoire à celle de 22 mars 2020 contre laquelle ils prétendaient lutter. Faut-il encore croire à leurs prochaines promesses ?
Cependant, même si le parti RPG- Arc-en-ciel ne manque pas d’arguments et de motifs pour expliquer la nouvelle candidature de leur leader, mais Monsieur Alpha Condé « le mandela, nouvelle version » devrait faire preuve de sagesse ou de diligence de présenter un nouveau leader beaucoup plus jeune pour la présidentielle prévu en octobre 2020. Ceci témoignerait de la maturité de son parti mais aussi de l’incarnation d’une grandeur par Alpha Condé.
L’histoire politique démontre que devenir dirigeant ou chef politique par la voie démocratique n’est pas forcement une garantie de la démocratie. L’élection d’Adolphe Hitler à la chancellerie Allemande ou encore de Napoléon peuvent en illustrer à suffisance. Alors, le processus démocratique peut être une ruse pour un Homme dangereux d’accéder au pouvoir afin d’assouvir ses vices. Dans de tel cas, ni la vigilance  du peuple ni la force de la loi ne saurait entraver la marche du pouvoir car l’appareil même de l’État serait rouillé et verrouillé.
Pour sortir donc de ce malaise, l’arme ultime du peuple reste la révolution ou le soulèvement populaire. Mais à ce titre, il n’est pas anodin de poser la question de savoir qu’au regard de la configuration du système politique de ce pays, une telle arme est-elle utilisable en Guinée face à une situation politique interne ?
Plus récemment, suite aux actions du mouvement M5 au mali, des appels se sont lancés pour appeler les Guinéens à faire comme les Maliens, qui ont réussi à faire partir le président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) par une démission dans la nuit du 18 au 19 Août 2020 et sans même attendre la fin de son mandat présidentiel. Mais en Guinée deux raisons presque naturelles et immuables empêcheront la réussite d’une telle opération.

II- Les deux raisons prouvant que ce qui a marché pour le Mali ne pourrait jamais l’être pour la Guinée :

La contestation populaire et le pouvoir politique : pourquoi le soulèvement populaire ne peut jamais renverser un pouvoir politique en Guinée ?
 
1-La formation des partis claniques ou communautaires
Il est d’une constance qu’en république de Guinée, l’ethnie demeure la base arrière des partis politiques. Chaque formation politique est constituée par une communauté et les leaders de ces partis appartiennent toujours à cette communauté. Ainsi, il faut prendre l’exemple sur trois grandes formations politiques du pays : le RPG est un parti quasi malinké, l’UFR est une formation politique Soussou et l’UFDG demeure un parti peulh.
Ainsi, le véritable changement du système politique Guinéen doit être porté sur la nomenclature même de la formation des partis. Il faut parvenir à élire des personnes comme chefs de partis et qui soient en dehors des communautés fondatrices de partis. Il faut sortir du communautarisme politique, bannir le caractère ethnique des partis. Ceci ne doit pas être uniquement qu’un idéal, mais il doit être concrétisé, car le salut de la Guinée en dépend très fortement. Car vouloir renverser un président qui fait de son ethnie ou de sa communauté sa base arrière, c’est sans doute risquer le déclanchement d’une guerre civile. À ce titre, les guerres civiles en côte d’Ivoire ou le Rwanda peuvent servir de leçons.
2- le caractère personnel des partis politiques en Guinée : la personnalisation des partis
En Guinée, les partis politiques ressembleraient à des sociétés unipersonnelles, le chef de parti étant l’unique propriétaire et tous les autres restent des employés. Généralement, il est le seul qui finance toutes les actions du parti. Les leaders qui sont à la tête de ces partis sont là depuis les décennies, et souvent des partis disparaissent au même moment que son chef. Des partis sont souvent désignés par le nom du chef de parti, le chef absorbe la dénomination ainsi que les mérites du parti. Le chef incarne totalement le parti et se confond avec ce dernier. Les mérites antérieurs du chef, lorsqu’il était ministre ou fonctionnaire, restent les seuls arguments potentiels pour défendre le parti.
Il y a là un handicap majeur tant pour la démocratie que pour l’émergence de ces partis. Ainsi, la vraie politique viendra lorsque les partis politiques seront capables de révoquer un chef de parti mais aussi de pouvoir financer l’ensemble des actions du parti et donc d’exiger la contribution de chaque membre du parti. Ainsi, les partis demeureront lorsque les hommes passeront.
Au regard des deux raisons brièvement évoquées montrent que la politique guinéenne reste très particulière et illustre une véritable entrave à toute initiale populaire d’ampleur nationale pour repondre à une crise donnée. Il ressort à ce point la différence quasi insurmontable entre la politique Guinéenne et celle Malienne.
Le FNDC guinéen et le M5 Malien : une différence de réalité et de circonstances ?
Au Mali, les manifestations déclenchées par le mouvement M5 ayant perduré en faisant des victimes, à fait accroitre l’amertume et la détresse et le peuple dans sa diversité a su s’unir et se mobiliser pour un seul et même objectif qui était de faire partir le président IBK. Aucun groupe social ni politique ne s’était frontalement opposé à un autre, et donc, il n’y avait ni d’ethnie, ni communauté apparente s’opposant à l’ultime revendication. Au Mali, le peuple était unanime.
Ainsi, l’armée ayant pris acte de ce que désirait la population, elle a pris la responsabilité d’appuyer la revendication populaire et de pousser le président à la démission, ce qui fut acquise.
Par contre, d’une part en Guinée il n’y a jamais eu une revendication populaire qui aurait réussi à mobiliser l’ensemble de la population. L’absence d’unanimité du peuple est coutumière en matière politique en Guinée. Il arrive, le plus souvent, que lorsqu’une mobilisation de grande envergure se déclenche, un groupe de personnes ou une communauté se dresse contre cette action. Il faut évoquer à ce titre Victor Hugo qui affirmait que : « souvent la foule trahit le peuple ».
Et d’autre part, plus généralement des mobilisations censées porter un résultat espéré sont étouffés par la police, la gendarmerie et même par l’armée. L’intervention de cette dernière, pour réprimer une manifestation, illustre une absurdité énorme dans un système politique qui se veut démocratique. L’armée reste un appareil de la politique nationale et non un acteur de cette politique.


À chaque fois que l’armée se mêle de la gestion d’un État, la démocratie serait boiteuse dès l’instant.


Dieu bénisse la Guinée.
Vive la République ! Vive la Guinée


MAKANERA  fodé
makanera83@yahoo.fr

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Par DMN Diallo

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