Et si on s'entrenait sur de vraies cibles

22 mars 2018 - Le rôle des forces de sécurité
Toute la semaine, il y a eu manifestations dans tout Conakry, essentiellement dirigées contre le Président Alpha Condé que la population a désavoué en bloc. Les pl...

Et si on s'entrenait sur de vraies cibles

Le rôle des forces de sécurité


Toute la semaine, il y a eu manifestations dans tout Conakry, essentiellement dirigées contre le Président Alpha Condé que la population a désavoué en bloc. Les plus remarquables de ces manifestations ont eu lieu à Kaloum où des manifestants se sont dirigés vers la Présidence. Mais en tirant sur des manifestants pendant cette semaine passée, il n'y aurait pas eu que de Peuls morts. Alors les forces de l'ordre ont agi de façon conventionnelle tout le temps que les possibles victimes pouvaient tomber de toutes les ethnies.


A Kaloum, on verra même les différents corps de sécurité applaudir les manifestants qui insultent le Président, chanter et danser avec eux.


Aussitôt qu’un accord a été trouvé entre le pouvoir et le syndicat des enseignants (SLECG), les forces de l’ordre reviennent à leur habitude de tirer sur des manifestants ou dans des habitations peules à Ratoma que l’ami du Président Condé, François Soudan (le directeur de la rédaction de Jeune Afrique) qualifie de « ‘république de Ratoma’ où flotte le drapeau de l’UFDG ».


Il y a eu deux morts aujourd’hui, mercredi 14 mars 2018, à Ratoma à Conakry, tirés à bout portant par des gendarmes. Il s’agit de Boubacar Diallo âgé de 26 ans et Mamadou Bailo Diallo âgé de 22 ans.


A l'hôpital, on aurait refusé de garder le corps de l'une des victimes dans la chambre froide, parce qu'il serait un militant de l'opposition, de l'UFDG !



Commentaire d’un Guinéen sur Facebook :
 Arrestation arbitraire


Boubacar Sow : 
« Résister ou se laisser décimer.
Le jeune qui est mort aujourd’hui sur l’axe Bambeto Wanidara a été tout simplement exécuté; il suffit de voir l’image de la victime. S’il fait plus bon de manifester à Kaloum qu’à Ratoma, c’est parce qu’il y’a désormais en Guinée plusieurs catégories de guinéens. Comme il en est ainsi depuis 2010, l’heure est venue de siffler la fin de la récréation ».


Dans les faits, le régime condé semble traiter la commune de Ratoma comme un territoire étranger contre lequel il est en guerre. Les forces de défense et de sécurité du pays sont utilisées contre les populations de cette commune avec usage des armes de guerre. Ainsi, en Guinée, nous vivons des crimes organisés par l’Etat contre une communauté depuis l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir. C’est parce que l’opposition n’y oppose pas la réaction adéquate que le monde n’y prête pas attention. En effet, comme l’a dit le leader du parti BAG (Bloc pour l’Alternance en Guinée), Sadio Barry, dans son commentaire dans les réseaux sociaux, après les massacres du 28 septembre 2009 qui coûtèrent la vie au régime CNDD, si l'opposition guinéenne n'avait pas toléré le premier mort par balle de la part de ce régime d'apartheid d'Alpha Condé, jamais on n’aurait enregistré autant de victimes par balles aujourd’hui (92 morts officiels).


 


Alpha Oumar Balde : 
« Cette image montre combien de fois la gendarmerie nationale n'est pas républicaine et responsable, comment peuvent ils descendre quelqu'un de sa voiture ... ».


 Les collaborateurs d'Alpha Condé (membres du gouvernement et ceux qui l'entourent à la Présidence) ne doivent pas penser que demain, c'est seul le vieux dictateur Condé qui sera tenu responsable de ces crimes qui ne resteront pas impunis cette fois-ci !


 Le rôle des journalistes 


Les jours passés, nous fûmes scandalisés d’entendre des soi-disant journalistes d’une radio locale guinéenne reprocher aux responsables du SLECG que l’opposition guinéenne leur a apporté son soutien à travers une déclaration publique. Pour un de ces soi-disant journalistes, cela pose problème parce qu’apportant la preuve que les syndicalistes pourraient être de connivence avec des politiciens.


Décidément, nous avons de sérieux problèmes de niveau intellectuel en Guinée :


 un enseignant ministre qui ne sait pas lire un nombre contenu dans son propre discours




    1. des journalistes qui ne trouvent pas normal qu’un homme politique se dise solidaire à des compatriotes qui réclament un droit au gouvernement.



Le rôle de l’opposition

Le but de l’opposition dans une démocratie, c’est de constituer un contre-pouvoir pour éviter que le parti ou le groupe de partis au pouvoir ne mène une politique portant atteinte aux droits et libertés des citoyens ou d’un groupe social quelconque. C’est bien ce que le pouvoir a fait en Guinée pour que les enseignant aillent en grève. Curieux donc que des journalistes qui, eux-mêmes, comprennent et donnent raison aux enseignants, se croient permis de condamner l’opposition ou des hommes politiques de faire autant ou de renier aux syndicalistes le droit d'être soutenus par l'opposition. Cela relève simplement de l’ignorance qui frappe tous les secteurs de la vie socioprofessionnelle de la Guinée après Sékou Touré qui a détruit le système éducatif guinéen, faisant ainsi de toute une génération, des ratés qui exhibent, à toute occasion, leurs ignorances à la face du monde !


Une opposition, en plus de représenter la possibilité d’une alternance politique, a pour vocation, de soutenir ceux qui sont victimes ou qui se battent pour leurs droits.

Par DMN Diallo

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