Appel aux forces vives (partis politiques et société civile), et aux autorités guinéennes de la transition ! (Par Sadio Barry)

3 février 2022 -
Appel aux forces vives (partis politiques et société civile), et aux autorités guinéennes de la transition ! (Par Sadio Barry)
février 3rd, 2022 | par Leguepard.net


Article

1


Chers leaders et res...

Appel aux forces vives (partis politiques et société civile), et aux autorités guinéennes de la transition ! (Par Sadio Barry)

Appel aux forces vives (partis politiques et société civile), et aux autorités guinéennes de la transition ! (Par Sadio Barry)
février 3rd, 2022 | par Leguepard.net


Article

1


Chers leaders et responsables de la nation,
Après avoir attentivement écouté et réécouté les témoignages ci-dessous de notre compatriote le Dr. Fama Kanté (lien en bas), ils me reviennent en souvenir ceux tenus par notre compatriote Mamadi Condé  dit « Madic 100 frontières » en novembre 2019.
Mesdames et Messieurs, je vous invite à réaliser que nous sommes aujourd’hui dans une période d’exception, semblable à celle dans laquelle nous nous trouvions en 2009. Pour avoir sous évalué les enjeux de la transition sous la direction du CNDD à cette époque, nous nous sommes brutalement réveillés avec le drame du 28 septembre. Les  crimes commis ce jour-là, qualifiés de crimes contre l’humanité, avaient été perpétrés par des éléments de notre armée contre une partie de son propre peuple. Suite à ces crimes, les accords d’Abuja, sous l’égide du Groupe international de contact sur la Guinée (GIC-G) – coprésidé par la CEDEAO et l’Union africaine (UA), prévoyaient de faire partir la junte (CNDD) du pouvoir par la force ou par la négociation. Ils prévoyaient également l’envoi  d’une force africaine neutre pour la sécurisation du processus électoral (FOSSEPEL).
Alors que la Commission Européenne s’était engagée à assurer le financement de cette force, le gouvernement guinéen de la transition a, avec l’accord des principaux leaders politiques d’alors, préféré constituer ladite force avec des éléments des forces de l’ordre guinéennes uniquement. Ce fut une énorme erreur de la part des leaders politiques. La force constituée n’avait ainsi plus rien de neutre. En effet, après le premier tour de la présidentielle, cette FOSSEPEL fera un usage excessif de la force, et se montrera d’une partialité ethnique évidente dans sa mission; comme le dénoncera l’ONG américaine Human Rights Watch (HRW) dans sa publication du 5 novembre 2010.
Alors que la FOSSEPEL agissait avec grande violence contre les partisans du candidat Cellou Dalein Diallo (UFDG) à Conakry, dans la capitale, le parti du candidat Alpha Condé (RPG) organisait des pogroms anti-peuls en Haute Guinée et dans une partie de la Région Forestière sans la moindre réaction des forces de l’ordre et de la FOSSEPEL. Les médias d’Etat, de leur coté, observeront un silence assourdissant sur ces crimes sur ordre du gouvernement de la transition, comme le reconnaîtra en 2012 le Premier ministre de l’époque, Jean Marie Doré. En effet, révolté par les massacres de Zogota, des violences de l’Etat qui ont visé des ressortissants de sa région, le Premier ministre de la transition, Jean Marie Doré, au cours de la conférence de presse qu’il organisa le 20 aout 2012, a explicitement fait savoir que l’Etat guinéen, au plus haut niveau, était derrière les crimes racistes qui ont visé les Peuls en 2010 parce qu’un Peul était parmi les deux candidats du second tour de la présidentielle. La présidente du CNT qui faisait office de parlement de transition, Madame Rabiatou Séra Diallo, interpella publiquement le procureur de la République sur ces révélations de l’ex-Premier ministre, sans succès. C’est cette partialité manifeste et active de l’Etat guinéen qui a conduit à l’avènement d’Alpha Condé au pouvoir à l’issue de la transition de 2010.
Plus de 10 ans de règne d’Alpha Condé, l’Etat guinéen est plus tribalisé aujourd’hui qu’en 2010.
L’ethnocentrisme érigé en mode de gouvernement du régime d’Alpha Condé était si flagrant et violent que le journaliste français Christophe Châtelot, dans le journal « Le Monde » du mercredi 17 novembre 2010, écrivit :
« L’ethno-stratégie opportuniste de Condé n’a pas été mise en œuvre que pour gagner la présidentielle. Elle est, à l’instar de ce qu’a été « l’ivoirité » (en Côte d’Ivoire), le fondement de son action ».
Plusieurs indiscrétions concordantes rapportent que des hommes de clan sont à pieds d’œuvre autour du Colonel Mamadi  Doumbouya pour le convaincre de faire les choses comme le général  Sékouba Konaté le fit en 2010. Les menaces  à l’encontre du Colonel sont à peine voilées, s’il ne suivait pas l’agenda de ce clan, selon le témoignage vidéo de Monsieur Fama Kanté et d’autres sources confidentielles crédibles.
Un État  guinéen ainsi pris en otage par un clan ethnique, armé et hégémonique, n’offre aucune garantie d’impartialité pour organiser, dans la transparence, des élections démocratiques crédibles en Guinée. Or, la situation a considérablement changé entre temps : ceux qui se sont résignés en 2010 ne semblent pas prêts à le faire une nouvelle fois. Au contraire, tout le monde semble se préparer désormais contre toute forme de favoritisme électoral ou d’usurpation des résultats réels des urnes.
Le CNRD serait-il tombé dans le piège du CNDD ?
Après sa prise du pouvoir le 5 septembre 2021, le président du CNRD, colonel Mamadi Doumbouya, a promis de faire de la justice, la boussole de son action. Il posera ensuite des actes salutaires d’apaisement et de rassemblement national. « Il faut tuer l’ethnie », dira-il aux Guinéens. Mais très vite suivront des décisions clivant qui alimentent la polémique et divisent la nation. Il n’a malheureusement pas écouté les conseils de Monsieur A. Camara, fonctionnaire de l’Office des Nations Unies à Genève à la retraite qui, le mardi 7 septembre 2021, lui dira dans une lettre publique de se méfier du syndrome Dadis :
« Colonel Doumbouyah méfiez-vous du syndrome Dadis. …. Bientôt commenceront à converger vers Conakry différentes corporations pour venir vous saluer et remercier les membres du CNRD. Puis suivront des propos tels que: « vous êtes le Mady que la Guinée attendait ». Les « visiteurs du soir » viendront distiller leur venin et tenter de  vous vendre leur propre prescription. Anticipez mon colonel si vous voulez vous protéger de ce poison d’opportunisme qui gangrène la société guinéenne. Que chacun reste là où il est. L’adhésion du peuple de Guinée vous est acquise. Vous n’avez nullement besoin de comités de soutien, cette autre façon de phagocyter et rançonner un président. Le défi à relever est si énorme que seule la concentration sur les objectifs que vous vous êtes assignés vous permettra de réussir ».
Malgré tout, nous assisterons à un revirement du colonel, dont la bonne foi ne faisait pourtant aucun doute, par rapport à ses promesses et engagements. Des séries de décrets controversés inopportuns et le recyclage des zélés du régime défunt au détriment des cadres honnêtes qui ont risqué leur vie en défendant la République et la Constitution créent la confusion et le doute sur la véritable mission du CNRD. Aucun ancien responsable du régime défunt RPG ne sera inquiété, malgré les crimes économiques graves que le CNRD lui-même ne cesse de révéler.
Par ailleurs, il est surprenant que des citoyens qui se sont distingués dans le combat contre le troisième mandat et pour la démocratie en risquant leurs vies, tels que, entre autres, Sékou Koundouno, Ibrahima Diallo, Foninké Manguè etc., aient été tenus loin des structures en charge de la refondation de l’Etat par le CNRD. Nous nous retrouvons avec des éléments zélés de l’ancien régime en position de force, aussi bien dans la haute administration, dans les régies d’Etat, que dans le CNT où le RPG aura la part belle des partis politiques. L’UFDG  avec ses alliés se retrouvent avec seulement un siège. Cette iniquité à l’endroit du plus grand parti du pays porte assurément un coup dur à la crédibilité de la suite de vos actions, mon colonel. En effet où se trouve donc la rupture annoncée et répétée depuis le 5 septembre 2021 ? Cette partialité du CNRD et du gouvernement de transition doit nous interpeller.
Le président de la transition subirait-il des pressions pour satisfaire les exigences du clan ethnique et régionaliste incarné par le RPG d’Alpha Condé ? Il fallait bien s’y attendre. C’est pourquoi lors de notre réunion avec des représentants de la Commission Européenne, nous avions plaidé que la junte et le jeune colonel soient plutôt soutenus et accompagnés que d’engager des sanctions et pressions internationales contre eux, parce qu’ils seront soumis au poids de leur communauté pour les empêcher de mener à son terme une bonne et équitable transition.
« Le système contre lequel ces jeunes se sont soulevés était tenu par les gens de leur propre ethnie. Lorsqu’on connaît le poids de la famille en Afrique, l’on comprend qu’ils se sont fait violence pour s’affranchir de ce poids. La majorité du peuple de Guinée les considère comme des sauveurs. Mais dans leur communauté beaucoup les qualifient de traîtres; traîtres à leur cause, à la famille ethnique. Sans soutien conséquent, ils résisteront un temps mais pas tout le temps »,
avions nous dit à nos interlocuteurs Européens.
Le problème sécuritaire demeure et les risques sont plus grands aujourd’hui qu’en 2009
Après le putsch qui a porté le CNDD au pouvoir, la communauté internationale a décidé de créer, dès fin janvier 2009, à Addis Abeba, le Groupe international de contact sur la Guinée (GIC-G) pour accompagner notre pays dans la transition. Le CNRD est au pouvoir depuis plus de  5 mois sans aucune initiative concrète dans ce sens, malgré des signes inquiétants de dérapage.
Le problème sécuritaire reste cependant entier voire plus préoccupant aujourd’hui dans la mesure où ce coup d’Etat ressemble fort à une révolution de Palais. Ceux qui l’ont fait sont de la même ethnie que le Président déchu et les généraux mis à la retraite. Ces généraux et les anciens dignitaires du régime défunt, restés libres, ont accumulé pendant plus de dix ans des trésors de guerre qui leur permettraient d’entreprendre des actions pour défendre leurs intérêts. Ce risque n’est pas à négliger. D’où la nécessité de soutenir la transition et confier l’organisation des élections aux Nations Unies, avec une force africaine neutre pour la sécurisation du processus électoral, des autorités de la transition et du peuple, dans l’intérêt de toute la sous-région, déjà fortement instable.
Chers compatriotes, leaders et responsables de la société civile, étant politiquement avertis, sachons définir nos priorités et œuvrer pour la transparence et l’impartialité dans l’ensemble du processus électoral prochain. C’est seulement ainsi que nous pourrons éviter des violences pré- et postélectorales à notre peuple déjà assez éprouvé ces 11 dernières années.

Allemagne, le 01 février 2022

Abdoulaye Sadio Barry,
Président du parti Bloc pour l’Alternance en Guinée (BAG).

 
Les témoignages du Dr. Fama Kanté : https://www.youtube.com/watch?v=Gnb7QwzKiJM
TweetE-mailImprimer

Retrouver cet article sur LeGuepard

Par DMN Diallo

Dernières actualités

Fermer la recherche